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L’heure du conte va-t-elle disparaître dans les bibliothèques ? Va-t-on nous priver de la lecture d’ouvrage, même sans billetterie, sous prétexte que celle-ci est assujettie d’une redevance « ubuesque » ? À l’approche de la Nuit de la lecture, le collectif Shéhérazade, qui réunit des auteurs, des bibliothécaires et autres gens du livre, interpelle Daniel Pennac, le parrain de la manifestation. Taxer les lieux de la lecture ? Réprimer le 9e droit du lecteur, de « lire à voix haute » ? Alors, que fait-on, monsieur Pennac ?
"’il faut réfléchir autour du concept de vie privée, de liberté sur le net, de l’espionnage des jouets communicants par la NSA ou la DCRI, allons lire un auteur très visionnaire, peut-être plus visionnaire qu’Orwell. Car, enfin, si tout le monde parle de 1984 et de Big Brother, il ne faut pas oublier que le monde de Big Brother est une vision futuriste d’une dictature soviétique. Et nous sommes dans une dictature démocratie capitaliste. Ce court extrait du « Meilleur des mondes » (1931) est donc une parfaite illustration de ce qui survient aujourd’hui. Et pour ceux qui ne l’ont pas lu, lisez Brave new world.
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Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
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"Tout peut se vendre... même découpé en tout petits bouts. C'est cette stratégie qu'a adoptée la société TotalBooX pour vendre aux éditeurs de livres un nouveau mode de consommation d'ebooks à la sauce "Pay as you go". C’est-à-dire que le lecteur ne paye que ce qu'il consomme..."