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"Un an. Voilà un an que E. Snowden a rendues publiques les interceptions de masse réalisées par la NSA. Et que s’est-il passé en un an ? Faisons le bilan.
D’abord il y a eu beaucoup de paroles. On ne compte plus les articles, émissions, débats, conférences sur les problématiques de la vie privée et de l’espionnage de masse. L’espionnage de masse n’est pas nouveau, ce qui est nouveau, c’est qu’on en parle.
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Ce qui est nouveau, donc, c’est que les révélations d’un énième programme ont, cette fois-ci, été relayées par les grands médias, qu’elles ont alerté la population, et que ça a été plus qu’un buzz de quelques jours. Cette démocratisation n’a rien changé aux comportements ni du public ni des espions, mais – pour une fois – on a vu une réaction généralisée face a la prise de conscience de la fin de la vie privée, au delà des activistes, des experts et des complotistes.
Un an plus tard, nous sommes un peu en stase: soit cette réprobation finira par avoir des effets (peut-être légaux, par des condamnations, peut-être politiques, par le vote du Parlement européen ou les suites de NetMundial, peut-être sociale, avec un rejet de la société de surveillance), soit le public finira par en prendre définitivement son parti.
C’est visiblement, encore aujourd’hui, le pari des espions. La NSA continue de nous espionner, et vous continuez d’utiliser votre pass Navigo.
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Or c’est bien là qu’est tout le problème: dans un état de droit, la liberté individuelle est en équilibre avec la sécurité publique. Quand cet équilibre est détruit, quand toute vie privée disparaît en échange d’une sécurité théorique, on ne vit plus dans un état de droit mais dans une société totalitaire.
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L’excellent texte "Everything is broken" [1] , de Quinn Norton, dresse un tableau apocalyptique de l’informatique, mais il est juste.
Nous avons laissé faire. Trop longtemps. Nous avons négligé la sécurité, remis « ça » à plus tard, oublié de nous en occuper.
Nous ne sommes pas les seuls: chacun, à son niveau, partout dans nos sociétés, nous sommes responsables d’avoir laissé faire, d’avoir accepté la surveillance. Pour quelques euros de réduction mensuelle, pour une sécurité théorique, par paresse ou parce que « ça ne nous concerne pas », nous avons accepté les cartes de réduction nominatives, les moyens de paiement électroniques, les caméras et le reste.
Revenir à une société un peu moins folle ne se fera pas en un jour. Il y faudra du temps, de l’énergie, et de l’espoir. De la pédagogie, des scandales, et quelques autres héros de la trempe de Snowden. Ce sera long, difficile et c’est un combat presque perdu d’avance.
Mais il en vaut la peine."
[1] http://www.framablog.org/index.php/post/plus-rien-ne-marche-que-faire