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Le 16 avril, Élisabeth Borne engageait la responsabilité de son gouvernement sur la reforme des retraites. Depuis, les manifestations intersyndicales et les manifestations sauvages se sont intensifiées partout en France, avec des centaines de milliers de personnes dans les rues et près de 1950 interpellations à Paris. La plupart de ces affaires ont été classées sans suite. Loin des caricatures, les profils des gardés à vue comme présentés dans ce focus, sont divers : des étudiants, des manifestants pacifiques, des passants ou encore des touristes.
Quelque 70% des 150 000 policiers français sont syndiqués, un record dans la fonction publique. Et autant dire que ça leur donne de la force ! Entre coups médiatiques, lobbying politique et passe-droits, "Complément d’enquête" vous raconte la face cachée de ceux qui font (en partie) la loi place Beauvau...
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale pointe notamment des discours racistes tenus par des responsables politiques et des contrôles policiers ciblant « de manière disproportionnée certaines minorités ».
Fabien Vanhemelryck a défendu en personne deux policiers de Pau qui avaient roué de coups pendant treize minutes un adolescent menotté. Radiés et jugés indésirables par leurs chefs, ils ont finalement été réintégrés.
Dans un livre à paraître jeudi 1er décembre, six fonctionnaires de police sortent de l’anonymat pour dénoncer, à visage découvert, les infractions dont ils ont été témoins et victimes de la part de leurs collègues. Une lourde charge contre « un système policier à l’agonie ».
La sœur d’Adama Traoré a été la cible de messages virulents de la part de syndicats de policiers après avoir été auditionnée par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies. Ce dernier demande au gouvernement d’ouvrir des procédures, si nécessaire pénales, contre les auteurs.
Plus de policiers visibles dans la rue, mais moins pour les enquêtes de fond. C’est, à gros traits, l’un des risques sur lesquels alertent certains policiers et magistrats, inquiets de la mise en œuvre d’un vaste projet de réforme de la police.
Le 19 mai, comme cela n’aura échappé à personne, les syndicats de police organisaient une manifestation devant l’Assemblée nationale à grands renforts de moyens (camion-tribune, écran géant, etc.) afin de commémorer la mémoire de leurs collègues morts en service au cours de dernières semaines, mais surtout de dénoncer un supposé laxisme judiciaire, tout en réclamant un énième durcissement du droit pénal. Une mobilisation très politique par ses mots d’ordre donc, bien peu respectueuse des coutumes « républicaines » [1], largement inspirée et soutenue par l’extrême droite, et ralliée par le ministre de l’Intérieur, mais également par des figures issues de « partis de gouvernement » – y compris « de gauche » (PCF, EELV, PS). Malgré la portée symbolique et politique peu commune de cette manifestation, le récit en continu et en direct qu’en firent les chaines d’information fut d’une complaisance, d’une bienveillance et d’une empathie qui tranchaient pour le moins avec le ton réservé aux mobilisations populaires. Rien de surprenant puisqu’en réalité, la couverture cette manifestation de colère policière fit l’objet d’une co-écriture entre journalistes et syndicalistes policiers.
Sept articles de loi « sécurité globale », votée par le parlement le 15 avril, viennent d’être censurés par le Conseil constitutionnel. Une victoire pour nos droits fondamentaux.
La phrase d’Olivier Faure sur un « droit de regard » policier sur les décisions de justice a suscité l’émoi. Émise au cœur d’un rassemblement fréquenté par l’extrême droite et Gérald Darmanin, elle contribue au brouillage des repères, dans un moment historique de risque autoritaire.
Des élus socialistes, communistes et écologistes, arguant qu’il ne faut pas laisser la thématique de la sécurité à l’extrême droite, se sont rendus au rassemblement policier du 19 mai, qualifié de « factieux » par Jean-Luc Mélenchon. Une participation qui en a consterné certains au sein même de leurs partis.
Saisi de vingt-deux articles de la loi pour une sécurité globale préservant les libertés, le Conseil constitutionnel en valide quinze, tout en assortissant quatre d'entre eux de réserves d'interprétation, et en censure totalement ou partiellement sept. Il censure en outre d'office cinq autres dispositions ayant le caractère de « cavaliers législatifs »
Les membres du Conseil ont jugé « contraire à la Constitution » le très controversé article 24, devenu l’article 52, qui vise à protéger les forces de l’ordre en opération en pénalisant la diffusion malveillante de leur image et censurent quatre autres articles.
Le Conseil constitutionnel vient de rendre sa décision sur la loi sécurité globale. Tout en épargnant de larges pans de la loi (voir notre résumé de la loi), il censure certaines des dispositions les plus symboliques du texte : le fameux article 24 (devenu 52) sur la diffusion des images de la police, la surveillance par drones et hélicoptères et la vidéosurveillance constante des personnes placées en garde à vue ou en centre de rétention administrative. La défait symbolique est extrêmement lourde pour la police et le gouvernement mais le Conseil constitutionnel leur laisse de larges marges d’action pour réintroduire ces mesures dans une future loi.
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La concurrence est rude, pour obtenir le label de premier flic de France mais le nouvel horizon que dessinent nos ministres et élus en participant à cette manifestation et en s’associant ainsi aux revendications policières, est celui d’une société dans laquelle la police devient une puissance autonome au lieu d’être une force publique au service des citoyens, dictant à l’exécutif la définition de la politique pénale, au parlement le contenu des lois, et revendiquant une indispensable impunité pour elle-même - puisqu’elle est la seule à pouvoir sauver la collectivité de l’anarchie.
Quel est le nom d’un tel régime?
La République ne saurait se soumettre à la police. Ce principe démocratique est remis en cause par la manifestation de l’intersyndicale policière, organisée mercredi 19 mai, devant l’Assemblée nationale, avec le soutien du pouvoir en place, de l’extrême droite et des deux partis historiques de la gauche.
Comme le prouvent des documents consultés par «Libération», l’agent de la BAC de l’Essonne mis en examen pour avoir, en février 2020, mutilé d’un tir de LBD un jeune homme qui ne représentait aucun danger, a bénéficié de l’appui de ses supérieurs. Et ce jusqu’au directeur général de la police nationale.
De nouveaux documents consultés par Mediapart, dont plusieurs vidéos d’audition que nous diffusons, montrent que des policiers chargés de l’enquête sur l’agression de leurs collègues à Viry-Châtillon ont déformé, en rédigeant leurs procès-verbaux, les propos de leur témoin principal, jusqu’à lui faire dire l’opposé de ce qu’il avait déclaré.
Un rapport, commandé par le gouvernement en décembre dernier et remis lundi 3 mai au Premier ministre Jean Castex, conclut "à une forte dégradation" des relations entre journalistes et forces de l'ordre "depuis une dizaine d'années" et formule 32 propositions pour "remédier à cette situation."
L’IGPN, saisie dès le 6 avril par l’avocat Frank Berton, se refuse à ouvrir une enquête, malgré des auditions manipulées et une déontologie mise à mal.