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Ce 15 octobre au matin, j'ai cru être en proie à une hallucination visuelle, due à une obsession pour l'extrême droite, que certains de mes proches - de moins en moins nombreux - jugent excessive et paranoïaque. Regardant LCI d'un œil distrait, j'ai dû me pincer pour y croire : pour illustrer un débat nauséabond autour de la politique migratoire de la présidente du conseil italienne d'extrême droite Georgia Meloni, ce bandeau s'étalait en bas d'écran, comme une insulte aux consciences humanistes : « “Remigration“ : la solution italienne ». Des guillemets à « remigration » pour la forme, mais même pas de point d'interrogation. Il faudra quelques heures pour que la chaîne rectifie et supprime ce mot, néologisme issu de l'extrême droite la plus radicale, inconnu de tous les dictionnaires.
Des heures d’images et d’analyses le prouvent : sur les chaînes info, le 1er Mai a été marqué par les violences, des manifestants, ça va sans dire. Jean-Michel Aphatie s’en plaint sur LCI et proclame que, pour tirer les leçons de cette journée, rien ne vaut la hauteur de vue de Marine Le Pen.
Des images d'un jeu vidéo pour illustrer des supposées armes nucléaires russes, une infographie stigmatisant les personnes au chômage, des séquences climato-rassuristes… il était temps de regrouper les dérapages de l'émission "24 h Pujadas", et notamment de la rubrique "Les Indispensables" pourtant définie comme "la rubrique des faits, rien que des faits". Derrière ces erreurs manifestes, la ligne éditoriale de l'émission pose aussi question.
« Je vous garantis désormais une vigilance renforcée » clamait Julien Arnaud le 6 septembre, après une grosse erreur diffusée sur LCI. Patatras, une semaine plus tard, son acolyte David Pujadas – et son équipe – se font les chefs d’orchestre d’un odieux concert de désinformation…
La gauche et le gouvernement multidiffusés... chaque nuit, la droite et l'extrême droite envahissant les plateaux le jour
Le 19 mai, comme cela n’aura échappé à personne, les syndicats de police organisaient une manifestation devant l’Assemblée nationale à grands renforts de moyens (camion-tribune, écran géant, etc.) afin de commémorer la mémoire de leurs collègues morts en service au cours de dernières semaines, mais surtout de dénoncer un supposé laxisme judiciaire, tout en réclamant un énième durcissement du droit pénal. Une mobilisation très politique par ses mots d’ordre donc, bien peu respectueuse des coutumes « républicaines » [1], largement inspirée et soutenue par l’extrême droite, et ralliée par le ministre de l’Intérieur, mais également par des figures issues de « partis de gouvernement » – y compris « de gauche » (PCF, EELV, PS). Malgré la portée symbolique et politique peu commune de cette manifestation, le récit en continu et en direct qu’en firent les chaines d’information fut d’une complaisance, d’une bienveillance et d’une empathie qui tranchaient pour le moins avec le ton réservé aux mobilisations populaires. Rien de surprenant puisqu’en réalité, la couverture cette manifestation de colère policière fit l’objet d’une co-écriture entre journalistes et syndicalistes policiers.
Pour rappel, il s’agit de quelques journalistes qui, à partir des données publiques des sociétés de l’Etat du Luxembourg, pointent du doigt que l’Union Européenne en son sein un paradis fiscal tout à fait légal qui permet à une minorité, riche, d’échapper au taux d’imposition en vigueur pour les autres citoyens.
Le nombre d’articles publiés sur le sujet par BFM, LCI, LeParisien et LeFigaro est de… 0.
Si votre insomnie vous a poussé à zapper sur LCI entre 1h et 4h du matin ces dernières semaines, vous avez peut-être eu l’impression étrange d’entrer dans une autre dimension, où les interviews politiques se suivent... et se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Comptages et explications.
Il a suffi de deux phrases, prononcées par Camélia Jordana lors de l’émission « On n’est pas couché », le soir du 23 mai sur France 2, pour mettre le feu aux poudres. Deux phrases où la chanteuse et actrice évoque, avec des mots forts, la défiance et la crainte que suscite la police. L’occasion de poser la question des violences policières ? Non pas. Plutôt de multiplier les invitations des syndicats policiers et de responsables politiques les plus droitiers… Et de substituer au débat une véritable opération de maintien de l’ordre symbolique.
Après le coup d’éclat de Taha Bouhafs, “journaliste militant” accusé d’avoir signalé la présence d’Emmanuel Macron dans un théâtre, le journalisme non-militant a repris ses droits sur les chaînes info. Pour condamner les actions terroristes de syndicalistes radicalisés et vanter les réformes d’un gouvernement dépolitisé.