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L’ancien chef de l’État a été reconnu coupable de « financement illégal » pour sa campagne électorale de 2012, mercredi devant la cour d’appel de Paris. Il écope d’une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis.
Mediapart a pris connaissance de l’arrêt rendu mercredi dans l’affaire Bygmalion. Les attendus sont sévères pour l’ancien chef de l’État, considéré comme le bénéficiaire de la fraude aux dépenses électorales en 2012. La cour pointe son « rôle moteur ».
Une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis a été réclamée ce jeudi 17 juin contre l’ancien président-candidat pour le truquage de ses comptes de campagne 2012. « Le paradoxe de cette affaire, c’est que les moins malhonnêtes sont les hommes d’affaires », a cinglé un des magistrats.
Au tribunal, l’ancien bras droit de Jean-François Copé a insisté ce jeudi sur la responsabilité de l’Élysée dans l’explosion des dépenses de la campagne Sarkozy 2012.
"Depuis que le parquet a demandé son renvoi pour un procès en correctionnelle, Nicolas Sarkozy et son entourage n'ont de cesse de répéter qu'il n'est pas mis en examen pour "financement illégal" de sa campagne présidentielle de 2012 mais pour simple dépassement du plafond. Sauf que même répété sur tous les tons et dans tous les médias, un mensonge n'en devient pas pour autant une vérité… "
"Le réquisitoire accablant du parquet contre Nicolas Sarkozy et son entourage dans l'affaire Bygmalion permet de retracer de manière détaillée l'emballement d'une campagne au final estimée à 45 millions d'euros - une explosion totale du seuil légal. Le vice-procureur conclut à une "stratégie de déni" de la plupart des mis en examen face à cet emballement quasi immédiat des dépenses et à un activisme bien réel pour cacher ces dépassements démesurés, via le système désormais bien connu de double-facturation. Voici le dernier volet de nos révélations."
"Dans le réquisitoire accablant du parquet contre Nicolas Sarkozy et son entourage dans l'affaire Bygmalion, le système de double-facturation mis en place lors de la présidentielle de 2012, afin de cacher les coûts réels de la campagne, est expliqué avec force détails. Marianne révèle de larges extraits des conclusions du parquet. Deuxième volet."
"Le parquet de Paris a demandé le renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel pour « financement illégal de campagne électorale » dans le cadre de « l’affaire Bygmalion », que l'on peut plus que jamais renommer « affaire Sarkozy ». Ses proches dénoncent un « acharnement ». Marianne s’est donc procuré la version intégrale du réquisitoire pour en avoir le cœur net. Révélations en trois parties."
"Selon les informations du Point et du Canard Enchaîné Jean-François Copé aurait oeuvré à l'Assemblée pour les intérêts de la branche Europe de Coca-Cola, qui est devenue cliente de l'agence Bygmalion en 2012."
"Hier soir, lors de son meeting de Lambersart, Nicolas Sarkozy s'est posé une nouvelle fois en victime. Culotté. Car les conclusions de l’enquête préliminaire, dévoilées cette semaine par "Le Monde", au sujet de la société Bygmalion et de sa filiale Event & Cie qui ont travaillé sur sa campagne, ne nous le présentent pas sous ce jour-là. Ces conclusions viennent d'ailleurs confirmer l’enquête menée par "Marianne" en juin dernier. De quoi en tout cas transformer Bygmalion en "Byg casserole" pour "Sarko"."
"Nicolas Sarkozy, en pleine tempête, fait annoncer son intention de revenir. Il indique sa méthode : s'emparer du parti qu’il a détruit. La dernière sortie de l'ancien président résume à elle seule la vertigineuse coupure entre la France des politiques et la France des Français. "
"Au total, ce sont 58 fausses factures – pour un total de 15 millions d'euros – que Bygmalion a adressées en 2012 à l'UMP pour l'organisation de réunions fictives. Le but : payer secrètement le dépassement du compte de campagne du candidat Sarkozy."
"L'affaire Bygmalion a été l'affaire de trop pour le patron de l'UMP. Depuis près de dix ans, il avait traversé toutes les polémiques sans jamais être inquiété. Conflits d'intérêts, manœuvres politiques, amitiés sulfureuses... Avec une ligne de défense bien rodée, Copé était parvenu à s'en sortir. Jusqu'à devoir démissionner de la tête de l'UMP."
"Bygmalion affirme qu'elle a fait payer par l'UMP des factures de meetings organisés pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Objectif supposé: aider le candidat à respecter le plafond des dépenses autorisées."
"Invité de Jean-Michel Aphatie, le patron de l'UMP a conclu son interview en saluant la travail de la presse. Ah bon ? Il n'a pourtant pas toujours été tendre avec les médias qui ont évoqué l'affaire Bygmalion. A moins qu'il faille y voir un signe : Copé sentirait-il l’étau judiciaire se resserrer autour de lui et se serait-il décidé à lâcher ses proches à la tête de la lucrative entreprise de com et d’événementiel ?"
"Théorie du complot, diversion, attaque ad hominem... Quelles sont les stratégies de défense qui s'offrent à Jean-François Copé, et quelles sont leurs limites?"
"La tactique choisie par le patron de l'UMP met en évidence le climat délétère qui règne à l'intérieur de l'UMP, la guerre des fractions, la suspicion et la paranoïa qui rodent, le sur-place politique que fait le parti depuis la défaite de 2012.
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Mais Copé-Saint-Sébastien aurait sans doute été plus convaincant si, point par point, il avait argumenté pour démonter ou justifier les faits que cet hebdomadaire estime utile de lui reprocher. Car il n'y a ni rumeur, ni insinuations, ni manipulations dans ce qui est étalé. Juste des faits que Jean-François Copé, c'est sa liberté, avait la possibilité de démentir ou d'assumer."
"Pour riposter au Point, Jean-François Copé a annoncé lundi la publication de « l’intégralité de la comptabilité » de l’UMP... mais seulement si les autres partis en font autant. En attendant, lesdits comptes seront placés « dans une pièce qui sera scellée par un huissier ».
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Le patron de l’UMP a expliqué vouloir « faire siens les mots d’ordre de transparence et démocratie ». Pourtant, en décembre 2010, il s’était opposé, avec le président du groupe UMP à l’Assemblée Christian Jacob, à une peine pour les élus qui auraient sciemment fait une déclaration de patrimoine mensongère. Ils avaient dénoncé un danger de « populisme » à trop vouloir sanctionner les élus et fustigé des « déclarations démagogiques ». Les députés socialistes n’ont pas tardé à moquer les velléités de transparence du patron de l'opposition, en publiant sur Twitter l’analyse des scrutins du texte sur la transparence de l'activité des parlementaires, contre lequel 180 députés UMP – dont lui – avaient voté."