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L’Établissement public de Notre-Dame, pressé par les délais imposés par le président de la République qui veut une réouverture du monument le 8 décembre 2024, a-t-il vandalisé de précieuses couches archéologiques au sud de la cathédrale ? C’est en tout cas ce que dénoncent les syndicats CGT et FSU de l’archéologie dans un communiqué diffusé il y a deux jours. Les explications alambiquées de l’établissement public ne sont pas vraiment convaincantes, si l’on en croit notre propre enquête auprès d’archéologues qui ont pu témoigner indirectement (nous n’avons pas interrogé ceux qui étaient en charge des fouilles tant la pression mise pour étouffer cette affaire est importante). Il semble donc bien que le « quoi qu’il en coûte » s’applique désormais aussi à la restauration de Notre-Dame, ce qui n’est pas vraiment étonnant : donner des délais difficilement atteignables devait forcément entrainer de telles dérives. Ce qui est d’autant plus absurde qu’en réalité rien ne justifie une telle précipitation, sinon des considérations politiques et d’ego du chef de l’État. Il a dit 2024, ce doit être 2024 ! Comme si la cathédrale ne valait pas mieux que ces petits calculs.
Selon le dernier bilan présenté le 14 octobre par l’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de Région, douze enfants sont contaminés au plomb et soixante-dix-huit sont sous surveillance médicale. Ces résultats alarmants sont la conséquence d’une absence de prise en compte de l’ampleur de la pollution au plomb, voire des tentatives par les autorités d’en dissimuler la réalité. Nous revenons en vidéo et en accès libre sur nos cinq mois d’enquêtes et sur les tromperies des principaux acteurs du dossier.
La collecte pour Notre-Dame l’a montré, PDG et milliardaires rivalisent pour dégainer leur chéquier. Mais pourquoi tant de bonté ?
À peine une semaine après l’incendie de Notre-Dame, le gouvernement a donc rédigé un projet de loi « pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris et instituant une souscription nationale à cet effet » qui sera voté en procédure accélérée
Ce texte prévoit donc, pour la restauration d’un monument historique - et quel monument historique, l’un des plus précieux de notre patrimoine ! - de déroger à toutes les règles du code du patrimoine, y compris celle de l’archéologie préventive. Comme si cela n’était pas suffisant, il rend également caduque le code de l’urbanisme, le code de l’environnement, le code de la construction et de l’habitation, mais aussi le code de la commande publique, le code général de la propriété des personnes publiques, le code de la voirie routière et le code des transports. Pendant qu’on y est, on s’étonne qu’il ne mette pas également à la poubelle le code pénal afin de pouvoir embastiller à sa guise les opposants à cette loi…
Exit toutes les procédures habituelles de restauration des monuments historiques.