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« Tuer les envahisseurs » pour « sauver l’environnement », « sauvez les abeilles pas les migrants »... L’extrême droite s’approprie les fondements de l’écologie pour légitimer ses discours de haine. L’écofascisme se propage en France, et le péril est imminent.
Revoir Stéphane François, chercheur au CRNS, spécialiste du nazisme et de l'extrême droite, dénoncer la menace que représentent les écologistes pour notre démocratie.
Fredric Jameson a écrit un jour qu’il était plus facile d’imaginer la fin du monde que de concevoir la fin du capitalisme. Pendant un certain temps, la formule de Jameson reprise par Slavoj Zizek et bien d’autres semblait indiquer la possibilité d’une critique radicale de l’ordre dominant de la civilisation capitaliste euro-moderniste. Mais au lieu de cela, cette formule est devenue un trope maintes fois répétée par des journalistes, des experts, des politiciens et des activistes ; de sorte qu’aujourd’hui, c’est une phrase ou une réflexion qui, avant tout, a tendance à tranquilliser les gens dans la mesure où elle pointe notre manque de capacité à imaginer quelque chose de différent.
Pour les «collapsologues», la fin de notre civilisation thermo-industrielle est inéluctable. Pour s’y préparer, il est urgent de redéfinir notre rapport individuel et collectif au monde.
Pour le professeur de philosophie Thomas Schauder, l’absence de limite à notre liberté vient aujourd’hui se heurter à la limite des ressources.
Sommes-nous sous la menace d’un « effondrement » imminent, sous l’effet du réchauffement climatique et de la surexploitation des ressources ? Pour l’historien Christophe Bonneuil, la question n’est déjà plus là : des bouleversements sociaux, économiques et géopolitiques majeurs sont enclenchés et ne vont faire que s’accélérer. Il faut plutôt déplacer la question et produire une « pensée politique » de ce qui est en train de se passer : qui en seront les gagnants et les perdants ? Comment peser sur la nature de ces changements ? Migrations de masse, émergence d’un « capitalisme écofasciste », risque de conflits pour les ressources : malgré un constat brutal sur le monde qui se dessine, l’historien appelle à éviter le piège d’un « romantisme » de l’effondrement : « Une autre fin du monde est possible », affirme-t-il. Il revient aux sociétés civiles d’écrire le scénario final. Entretien.
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Ce qui gronde devant nous n’est pas une crise climatique à gérer avec des « solutions » ou une mondialisation économique à réguler, mais la possibilité d’un effondrement du monde dans lequel nous vivons, celui de la civilisation industrielle mondialisée issue de cinq siècles de capitalisme.