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À la stupéfaction générale, le gouvernement a dévoilé la semaine dernière un projet de fusion-dissolution de plusieurs organismes d’expertise et de contrôle du nucléaire. Il vante l’accélération des procédures tandis que certain·es s’inquiètent de la possible mise au pas du secteur.
La génération de réacteurs la plus répandue est l'objet de soupçons de problèmes techniques importants, alors que la production nucléaire d'électricité n'a jamais été aussi faible.
Des fissures sur des tuyauteries, en particulier sur le système d’injection de sécurité, ont été détectées sur plusieurs réacteurs. Les investigations se poursuivent alors que, mercredi 20 avril, en fin de journée, à peine 30 réacteurs sur 56 étaient en fonctionnement.
Une plainte a été déposée contre EDF devant le tribunal judiciaire de Paris, notamment pour « mise en danger de la vie d’autrui », selon des informations du « Monde ». Le groupe assure que « la transparence et le respect de la réglementation sont scrupuleusement respectés ».
Pour le physicien critique du nucléaire Bernard Laponche, EDF n’a pas les moyens d’assurer la prolongation de la durée de vie des plus vieux réacteurs du parc français.
En 2021, aucun des 56 réacteurs en fonctionnement dans l’Hexagone n’est au niveau des critères de sûreté post-Fukushima, selon Greenpeace et négaWatt. Et l’Europe vient de voter 5 milliards d’euros de subvention au réacteur expérimental ITER, sur ses crédits climat.
Mediapart a eu accès à des milliers de pages de documents détaillant le système de sécurité de l’EPR de Flamanville et des deux réacteurs mitoyens. Ils nous ont été fournis, via Greenpeace, par une personne qui fait ainsi savoir que ces fichiers ultra-sensibles, qui feraient le bonheur de terroristes, ne sont pas protégés comme ils le devraient, les règles de sécurité n’étant pas respectées.
Les centrales nucléaires françaises sont-elle sûres ? Basta ! a rencontré des techniciens qui travaillent ou ont travaillé dans leur centre névralgique : la salle de commande, et ses dizaines de circuits, diodes ou panneaux lumineux censés avertir du moindre problème. C’est de là qu’est surveillé le bon déroulement de la fission nucléaire, et que peuvent être activées les protections et dispositifs de secours en cas d’accident. Mais les centrales s’abîment, alertent ces agents EDF. Les objectifs de rentabilité et un management absurde ont affaibli les collectifs de travail et la transmission des compétences... Ils décrivent une situation inquiétante.
Une note des services de sûreté nucléaire de l’Etat jette un éclairage inquiétant sur les risques réels que font courir aux populations les réacteurs nucléaires en fonctionnement en France. On y apprend ainsi qu’aucun réacteur nucléaire en France ne possède une cuve assez robuste pour résister à la fusion rapide du combustible. Cette faiblesse structurelle pourrait entraîner des rejets radioactifs massifs dans l’environnement.
Selon des témoignages recueillis depuis six mois par Mediapart auprès de plusieurs personnes travaillant à la centrale nucléaire du Tricastin, les problèmes s’accumulent sur ce site depuis deux ans. Au point qu’EDF évite de déclarer des incidents à l’Autorité de sûreté. Tout cela dans l’espoir de préserver l’image du premier réacteur à subir l’inspection des 40 ans.
Fuite de tritium non communiquée, fuite d’hydrocarbures transmise avec retard, non respect des participants à la commission d’information de la centrale de Cruas : la Criirad en a assez et quitte cette instance qu’EDF ne respecte pas.
Dans les centrales nucléaires françaises, un dispositif de sécurité baptisé « équipe en situation extrême » se met en place. Il est la conséquence de la catastrophe de Fukushima de 2011 et est censé répondre aux pires des scénarios et à leur lot d’imprévus. Le système est cependant loin de faire l’unanimité : des agents travaillant au sein des centrales dénoncent des failles et des incohérences. Des risques majeurs – comme les incendies ou les fuites radioactives – sont, en particulier, fortement sous-estimés. L’autorité de sûreté nucléaire réclame, elle-aussi, des modifications. Enquête.
Comment l’Homme de l’an 2 000 peut-il parler à l’Homme de l’an 12 000 ou de l'an 102 000 ? Cette question improbable et pourtant cruciale, ce sont nos poubelles qui nous la posent, nos poubelles nucléaires. Nos déchets radioactifs sont là. On commence à les enterrer, de plus en plus profondément, pour des milliers d’années. Certains sont pour ; certains sont contre. Dans les deux cas, il reste à faire savoir à nos lointains descendants que ce tombeau n’est pas un tombeau comme les autres...
Dans « Nucléaire : une catastrophe française », Erwan Benezet raconte comment, entre sous-investissements, scandales en tous genres, dénis face aux menaces terroristes, jusqu’aux problèmes d’entreposage de déchets, la France s’obstine à défendre ce « fleuron », quitte à faire courir des risques inconsidérés à la population.
A Flamanville, EDF a dû réaliser des travaux en urgence. Une erreur lors d'aménagements récents avait fragilisé la résistance aux séismes de trois systèmes de ventilation.
L’Autorité de sûreté nucléaire craint, outre les problèmes de soudures déjà soulevés, de potentielles « difficultés ailleurs ». Les problèmes de sécurité ont déjà provoqué un surcoût de 400 millions d’euros.
Devant l’urgence climatique, l’énergie nucléaire est souvent évoquée en France, malgré les risques qui s’y attachent, comme une solution crédible au niveau mondial à la lutte contre le réchauffement climatique, à l’égal des économies d’énergie et des énergies renouvelables.
Le réacteur pressurisé européen devait être le fleuron de l’industrie nucléaire française. Pour l’électricien, c’est désormais sa survie et celle de toute une filière qui est en jeu, ce alors que le groupe est fortement endetté et que ses revenus s’amenuisent.
Mediapart publie un document qui n’avait jamais été rendu public : la liste de tous les événements augmentant le risque de fusion du cœur des réacteurs dans les centrales nucléaires françaises. Entre 2003 et 2014, trente-sept tranches de production en ont connu plus de dix. Cruas, Fessenheim, Gravelines et Tricastin sont les plus touchés.
Mediapart et Correctiv publient des enquêtes sur l'enjeu de la sûreté nucléaire, qui dépasse les frontières nationales. Pour en parler avec les journalistes, la députée insoumise Mathilde Panot et l'expert Yves Marignac.