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Terrifié par l’approche du 10 septembre, Bayrou a préféré se suicider politiquement. Sa longue et pitoyable carrière politique se termine donc, comme il en avait toujours rêvé, par une entrée dans l’Histoire : il est le premier Premier ministre de la Ve République à perdre son vote de confiance. Toutefois, au-delà des raisons des différents groupes politiques qui l’ont censuré, il est évident que pour les participants et participantes du 10 septembre, ce qui est reproché à François Bayrou n’était pas un problème de personne : celui-ci était tellement fade et insipide qu’il se rendait presque difficile à détester. Non, le problème, et tout le monde l’a bien compris, c’est sa politique d’austérité, c’est-à-dire d’appauvrissement généralisé et de massacre des services publics. Cette politique n’a rien de spécifique à Bayrou, c’est celle, bourgeoise, de Macron. Depuis sa défaite aux législatives 2024, le président de la République s’est radicalisé dans son mépris de la démocratie. Bien qu’ayant perdu ces élections, et sans majorité (ni absolue, ni relative), il passe son temps à placer des Premiers ministres macronistes, qui se font, en toute logique, dégager les uns après les autres (malgré quelques magouilles avec le RN et le PS qui leur permettent généralement un petit sursis). Comme les précédentes fois, les médias et la classe politique – en particulier le PS – ont fait croire qu’il y avait une once de suspens et qu’il n’allait pas forcément se passer exactement ce qui s’est passé : à savoir que Macron a nommé un clone de Bayrou, qui était déjà dans les short-lists précédentes. Ce clone, relativement inconnu du grand public, c’est cette fois Sébastien Lecornu. Pour arriver à un tel poste, il faut avoir donné des gages de mesquinerie, de prises de positions puantes, de politiques qui détruisent la vie des gens. Il n’y fait donc pas exception. Portrait.
Le ministre des Armées sortant, présent dans tous les gouvernements depuis 2017 et nommé mardi soir pour succéder à François Bayrou, est un homme au parcours politique accompli, qui a noué au fil du temps une complicité avec le chef de l'Etat.
À 39 ans, Sébastien Lecornu succède à François Bayrou. Avant de devenir chef du gouvernement, il a été secrétaire d’État à la Transition écologique de 2017 à 2018. Il était en charge des dossiers liés à l’énergie, notamment l’EPR de Flamanville et Cigéo.
Visé par une enquête préliminaire du Parquet national financier pour « prise illégale d’intérêts », le ministre des armées bénéficie d’un classement sans suite après avoir reversé à l’Etat 7 874 euros de « jetons de présence » touchés lorsqu’il dirigeait le département de l’Eure.
Les ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu avaient poursuivi en diffamation Mediapart pour un article expliquant qu’ils avaient loué, pour leurs vacances en Corse, la villa d’un repris de justice. Le tribunal leur a donné tort. Comme lors des présidences précédentes, aucune de nos enquêtes sur le pouvoir n’a été démentie. À se demander si les mensonges et accusations à notre encontre ne sont pas le seul moyen pour tenter de discréditer notre travail.