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Dissolution, amendes, intelligence artificielle... Dans deux rapports parlementaires, des députés proposent d’accroître la répression des manifestants. Analyse de textes par la juriste Anne-Sophie Simpere.
Selon les informations de notre partenaire Le Poulpe, plusieurs personnes ont été placées en garde à vue, en milieu de semaine dernière, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à la suite du festival organisé en mai dernier contre le projet autoroutier à l’est de Rouen.
Pour la toute première fois, le gouvernement français a choisi de dissoudre un mouvement écologiste : les soulèvements de la terre. Pour beaucoup, cette décision du gouvernement marque un cap dans la répression des militants écologistes. Et pourtant, ce n’est pas un cas isolé. En Europe, les mesures prises par les Etats à l’encontre des activistes sont de plus en plus répressives. Que ce soit en Allemagne, en Grande Bretagne ou encore en France les lois, les procès, la surveillance se multiplient et les condamnations sont toujours plus lourdes envers ceux qui défendent le vivant, souvent avec des actions de désobéissance civile. Le tout sans oublier qu’en 2021, 200 défenseurs de la terre et de l’environnement ont été tués pour leur combat, essentiellement en Amérique latine.
Face à cette situation alarmante, les Nations Unis ont décidé de créer le premier poste de Rapporteur spécial sur les Défenseurs de l'Environnement au titre de la Convention d'Aarhus. Et en juin 2022, c’est le français Michel Forst qui a été élu. Selon lui, “Lorsqu’on criminalise les défenseurs de l’environnement, c’est la cause elle-même qui est mise au ban de la société, et cela a un effet très néfaste sur la réaction du public”.
Alors en quoi consiste ce poste de rapporteur spécial de l’ONU ? Quelle est la situation en France ? Quels sont les marqueurs de l’escalade répressive envers les militants écologistes en Europe ? Et que faudrait-il faire pour arrêter cette spirale infernale ? Réponses dans cet entretien de Paloma Moritz avec Michel Forst.
Le 27 mai aux Pays-Bas : une autoroute bloquée par des écologistes à La Haye, à l’initiative du groupe Extinction Rébellion. 1579 personnes ont été interpellées. Vous avez bien lu, plus de 1500 arrestations d’un coup, sur 7000 participant-es estimé-es. Quasiment un quart des manifestant-es raflé-es. 40 personnes sont poursuivies pour vandalisme et outrage.
Neuf personnes doivent être jugées vendredi, notamment pour l’organisation de deux manifestations interdites contre la mégabassine de Sainte-Soline. L’enquête, consultée par Mediapart, veut démontrer que c’est leur « entêtement » à maintenir le rassemblement qui est responsable des violences et des blessés.
Depuis les années 1960, le syndicat agricole FNSEA multiplie les destructions de biens publics, blocages, opérations coups de poing, menaces contre des militant·es écologistes et des élu·es. Chronologie de 60 ans d’actions violentes.
Une militante et un photographe ont été mis en examen mardi 11 juillet pour « association de malfaiteurs », « dégradations en bande organisée », et « destruction d’engins de chantier » dans l’enquête sur l’action contre le site du cimentier Lafarge à Bouc-Bel-Air.
Après la dissolution des Soulèvements de la Terre, les collectifs écologistes Dernière Rénovation et Extinction Rebellion, ainsi qu’Attac se retrouvent convoqués au Parlement à une commission d’enquête sur les « groupuscules violents ».
Après un passage en force de la réforme des retraites, et une répression violente de ses opposant·es, le gouvernement, sa majorité parlementaire (relative) et ses alliés lancent une nouvelle attaque sans précédent contre les libertés associatives.
La décision des autorités françaises de dissoudre un mouvement écologiste semble totalement disproportionnée, en violation des obligations de la France en vertu du droit international, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Incarcéré depuis le 20 juin pour sa participation à la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline, le maraîcher Loïc Schneider risque sept ans de prison. Portrait d’un militant total, qui garde son « âme d’enfant ».
Après le lancement d’une procédure de dissolution visant le collectif écologiste, de très nombreux chercheurs et intellectuels dénoncent dans une tribune à « l’Obs » le tournant autoritaire du gouvernement, et la poursuite d’une politique écocidaire.
« La “loi séparatisme” permet la systématisation de mesures répressives à l’encontre des associations »
La semaine dernière, Félix Blanc, 38 ans, militant EELV, a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur le saccage de la cimenterie Lafarge de Marseille, avant d’être relâché au bout de trente-six heures. Il raconte.
Quinze personnes, parmi lesquelles l’un des porte-parole des Soulèvements de la Terre, ont été arrêtées, mardi matin, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et dans d’autres lieux.
Dans son rapport annuel, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) reconnaît une augmentation des avis défavorables liés aux « demandes présentées au titre de la prévention des violences collectives » visant les militants et les manifestants.
Jeudi, le ministère de l’intérieur a notifié aux porte-paroles du collectif écologiste des « éléments complémentaires », dont Mediapart a pris connaissance, justifiant « le maintien du projet de dissolution » repoussé depuis plusieurs semaines. La décision pourrait intervenir dès mercredi prochain.
Pour les insoumis, Anne Hidalgo ou encore Sandrine Rousseau, la présentation en Conseil des ministres ce mercredi du décret de dissolution des Soulèvements de la terre renvoie l’exécutif à sa propre inaction climatique.
Le gouvernement a prononcé mercredi la dissolution de ce mouvement écologiste. Il n’est pourtant pas la cause mais la conséquence d’une colère qui atteint son paroxysme. Cette mesure est une erreur démocratique et une absurdité politique.
En 2022, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement a émis 629 avis défavorables aux demandes d’écoute des services spéciaux, visant en partie la mouvance écologiste. L’autorité indépendante souligne que « les convictions politiques ou syndicales n’ont pas à être contrôlées ».