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"Professeur de droit public à l’université Jean-Moulin Lyon III, Marie-Laure Basilien-Gainche, auteur de Etat de droit et états d’exception (PUF, 2013), s’inquiète des décisons prises par le gouvernement en matière de libertés publiques.
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Si la lutte contre ces derniers révèle ses limites, ce n’est pas faute de textes mais faute de moyens, tout particulièrement humains. Il n’est nul besoin de révision constitutionnelle.
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Les états d’exception doivent par définition être exceptionnels. [...] On en a eu d’autres en janvier et il faut aussi regarder ce qui s’est passé à Beyrouth ou, ces dernières années, à New York, à Madrid, à Londres. Par conséquent, les actes terroristes ne sauraient être appréhendés comme des faits ponctuels demandant de recourir aux outils de gestion de l’exceptionnel.
Utiliser les moyens offerts par les états d’exception pour mener la lutte contre le terrorisme risque de conduire durablement à des atteintes aux équilibres institutionnels et aux droits fondamentaux qui frapperaient non seulement les supposés terroristes, mais bien tous les citoyens."
"Le discours du gouvernement ne suscite que fort peu de critiques, y compris parmi ceux qui devraient avoir du mal à le digérer."
"Spécialisé dans les affaires high-tech, Groklaw.com arrête ses publications. La créatrice du site, Pamela Jones, estime qu'Internet ne garantit plus le niveau de confidentialité nécessaire pour faire ce travail. "
"Le site Groklaw est connu depuis plusieurs années pour son travail sur l’environnement juridique autour du monde open source. Mais sa fondatrice, Pamela Jones, a annoncé hier soir que l’aventure était désormais terminée. La raison invoquée en inquiètera plus d’un : la surveillance totale des communications internet ne lui permet plus d’assurer convenablement sa mission.
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Estimant désormais qu’« Internet est terminé », elle cite un passage d’un livre de Janna Malamund intitulé Private Matters : In Defense of the Personal Life décrivant comment notamment la surveillance est un puissant moyen de contrôle :
« L’une des fonctions de la vie privée est de fournir un espace sûr loin de toute terreur ou agression. Lorsque vous enlevez à une personne sa capacité à s’isoler ou à conserver des informations intimes pour elle-même, vous la rendez extrêmement vulnérable…
L’état totalitaire surveille tout le monde, mais garde ses plans secrets. La vie privée est considérée comme dangereuse, car elle favorise la résistance. Espionner continuellement puis poursuivre les gens pour ce qui ne sont souvent que de petites transgressions de la loi, est une façon de maintenir un contrôle sur la société, de troubler et d’affaiblir l’opposition…
Et même si l’on se débarrasse de ceux qui nous harcèlent réellement, il est souvent difficile de ne pas se sentir soi-même surveillé : c’est pourquoi la surveillance est un moyen de contrôle extrêmement puissant. Cette tendance qu’a l’esprit de se sentir toujours surveillé même lorsqu’on est seul… peut vous inhiber. ... Quand ils se sentent surveillés sans en être vraiment sûrs, sans savoir ni si, ni quand, ni comment l’hostile surveillant agira, les gens se sentent effrayés, contraints, préoccupés »."
"David Miranda a été arrêté à sa sortie de l'avion, questionné pendant huit heures et cinquante-cinq minutes dans l'aéroport londonien d'Heathrow dimanche 18 août, avant d'être délesté de ses effets personnels, puis relâché. Son récit pourrait figurer sur le site Schedule 7 Stories ("histoires de l'article 7"), qui compile les témoignages de "communautés suspectes" victimes de contrôles aux frontières jugés abusifs au nom de l'article 7, clé de voûte de la législation antiterroriste britannique."
"Poker menteur diplomatique, la fâcherie américano-russe dans l’affaire Edward Snowden masque l’essentiel qui nous concerne tous : l’extension et la banalisation sous les apparences démocratiques d’un État d’exception dont le Patriot Act américain est le symbole. La bataille pour le faire reculer se joue ici même, sur Internet."