417 liens privés
Dans un livre à paraître jeudi 1er décembre, six fonctionnaires de police sortent de l’anonymat pour dénoncer, à visage découvert, les infractions dont ils ont été témoins et victimes de la part de leurs collègues. Une lourde charge contre « un système policier à l’agonie ».
Mahedine Tazamoucht, un jeune électricien, a porté plainte auprès de l’IGPN, la police des polices, vendredi 13 mai. Il affirme avoir été frappé à de multiples reprises et tasé lors de sa garde à vue quelques jours plus tôt, après avoir été interpellé sans motif apparent. Une enquête sur les faits qu’il dénonce a été ouverte.
Les images, que « Le Monde » a pu visionner, montrent sous un nouveau jour les conditions des tirs de deux membres de la BAC sur un couple dans cette ville de Seine-Saint-Denis, la nuit du 15 au 16 août.
«Libération» a pu reconstituer une liste vertigineuse de délits et crimes reprochés à la même unité francilienne. Malgré une mise sur écoute, des auditions, des rapports de l’IGPN, les enquêtes menées sont souvent classées sans suite et la plupart des agents concernés sont toujours en poste.
Selon une enquête de Mediapart, 51 % des jets de grenades de désencerclement et 18 % des tirs de lance-grenades opérés par les forces de l’ordre en manifestation sont non réglementaires.
Lors de la free party organisée à Redon les 18 et 19 juin, les gendarmes ont gravement blessé des teufeurs, dont un a eu la main arrachée par une grenade. Les pompiers, qui auraient pu intervenir pour secourir des jeunes dans un état sanitaire dramatique, en ont été empêchés par la préfecture.
Des jeunes tentent de porter plainte pour violence policières, ils écopent d’une quarantaine d’amendes. D’autres sont verbalisés 5 ou 6 fois en 15 minutes. À Argenteuil, la police pratique le harcèlement administratif.
En septembre 2020, l’ONU nous alertait : la pandémie de Covid 19 a mis à mal la démocratie partout dans le monde, en restreignant les libertés publiques notamment. Nous nous sommes progressivement habitués à ce que notre comportement soit dicté par un gouvernement, à vivre, entravé, confiné, et souvent désoeuvré. Tous suspects. Et la France ne fait malheureusement pas exception. Pourtant, dans notre pays, ce recul des libertés et de la démocratie est en réalité le fruit d’une dérive progressive.
Comme le prouvent des documents consultés par «Libération», l’agent de la BAC de l’Essonne mis en examen pour avoir, en février 2020, mutilé d’un tir de LBD un jeune homme qui ne représentait aucun danger, a bénéficié de l’appui de ses supérieurs. Et ce jusqu’au directeur général de la police nationale.
Crise sanitaire, économique, écologique, démocratique… En réalité, nous ne savons plus où donner de la tête et il est très difficile de voir passer toutes ces informations et ces petits signes qui racontent le basculement qui est en train de s’opérer. Pourtant, il est essentiel de comprendre ce qui se joue aujourd’hui autour du recul des libertés et de l’Etat de droit…
Un rapport, commandé par le gouvernement en décembre dernier et remis lundi 3 mai au Premier ministre Jean Castex, conclut "à une forte dégradation" des relations entre journalistes et forces de l'ordre "depuis une dizaine d'années" et formule 32 propositions pour "remédier à cette situation."
La France est engagée dans une voie "extrêmement nocive" pour les droits humains selon la nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International, la Française Agnès Callamard.
"Il y a un problème de fond dans la doctrine et les pratiques concernant le maintien de l'ordre", martèle l'ONG qui appelle à arrêter "le déni".
Un homme a failli être jugé sur la base d’un faux procès-verbal. Deux fonctionnaires de Vanves, dans les Hauts-de-Seine, ont été mis en examen.
L’analyse de dizaines d’heures d’images a permis au « Monde » d’identifier un commissaire responsable de plusieurs coups portés à des journalistes le 28 novembre 2020, dont l’un a sévèrement blessé au visage le reporter syrien Ameer Al-Halbi.
L’État attise la brutalité de sa police en la dotant d’un arsenal militaire toujours plus puissant, explique l’économiste Paul Rocher. De quoi réjouir l’industrie (florissante) de l’armement. Lanceurs de balles de défense (LBD), gaz lacrymogènes… Ces armes supposées « non létales » et défensives sont en fait au cœur de l’offensive étatique : c’est précisément leur non-létalité supposée qui légitime la violence policière.
«Libération» révèle des données internes de la police qui dressent un panorama accablant des mesures disciplinaires entre 2009 et 2018. En dix ans, celles réprimant les violences ont été divisées par près de trois.
Dans « À l’air libre » mardi, le témoignage exclusif de Ludovic F., cet agent administratif sans lequel cette affaire de violences policières n’aurait jamais été révélée. Également au sommaire : l’Arabie saoudite et son « Rallye Dakar washing ».
Mediapart a collecté et analysé des centaines de vidéos prises le 12 décembre à Paris lors de la manifestation contre la loi « Sécurité globale ». Notre enquête démontre le caractère illicite de plusieurs dizaines de charges policières effectuées ce jour-là et documente les arrestations arbitraires de manifestants, les coups portés sans raisons et la communication mensongère de Gérald Darmanin, notamment au regard du bilan judiciaire.
Sur les réseaux sociaux, des syndicats policiers ont récemment gagné en visibilité en pratiquant une surenchère dans la véhémence et la mise en cause de la presse.