417 liens privés
Les mégaprojets reposant sur la consommation massive de bois se multiplient en France. Cette demande industrielle est inconciliable avec la préservation de forêts vivantes. Elle s’opère avec le concours des pouvoirs publics.
Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des deux dernières centrales à charbon de France d’ici à 2027. Il veut les transformer en centrales biomasses. Mais des associations et des scientifiques craignent les dérives de cette énergie.
Des chercheurs américains et européens demandent à la Commission de mieux tenir compte du risque de déforestation indirecte induit par ses mesures encourageant la combustion de biomasse.
C'est une bascule vertigineuse: le poids des produits fabriqués par les êtres humains vient de dépasser celui de l'ensemble du monde naturel. Ce changement a été atteint cette année, en 2020, selon une étude publiée le 9 décembre dans la revue Nature.
La biomasse est-elle l’avenir de la production d’énergie ? A Gardanne, près de Marseille, l’une des deux chaudières à charbon de la centrale thermique a été convertie. Elle doit, à terme, engloutir 850 000 tonnes de bois par an, dont 50% issues de coupes forestières, pour produire de l’électricité. Mais entre les risques de pollutions ou celui d’une surexploitation de la forêt régionale, le projet soulève de nombreuses oppositions. Il interroge aussi la pertinence de la biomasse issue des forêts comme solution face au réchauffement climatique, alors que le gouvernement envisage, dans son budget 2019, de consacrer plus de 7 milliards d’euros aux énergies dites renouvelables : la consommation industrielle de bois dans ces centrales est-elle soutenable ?
"A perte de vue, les arbres longent les larges allées. « C’est une forêt de feuillus typique du Nord de l’Europe : on trouve du chêne, du hêtre, du frêne, des merisiers, des charmes, etc. », détaille Yvain. Originaire de Saint-Gobain, bourg de 2 300 habitants dans l’Aisne, il a une formation de technicien forestier et fait partie du collectif Forêt Vivra, constitué pour réfléchir à l’avenir des treize mille hectares de la forêt de Saint-Gobain.
Là où le promeneur ne voit qu’une étendue d’arbres, Yvain reconnaît un mode d’exploitation de la forêt. Il s’arrête devant une parcelle : les arbres font tous la même taille, les troncs sont bien droits et de même diamètre. La vue est dégagée, sans broussailles, taillis ou branches basses. « C’est une exploitation en futaie régulière, explique-t-il. Tous les dix ans, on coupe quelques arbres pour faire une éclaircie et laisser les plus beaux grossir. Puis on coupe tout et on replante. »"
"Le développement de la filière bois-énergie sonnera-t-il la fin du bois comme énergie écologique ? Méga-unités de production, valorisation en électricité seule, agrocarburants, concentration industrielle et accaparement de terres, Reporterre présente les risques qui pèsent sur la filière."
"L’apparente disponibilité de la forêt est un leurre. Décryptage des Amis de la Terre qui alertent sur la diminution du gisement et les arbitrages à faire dans le cadre d’une transition écologique."
"La méthanisation a le vent en poupe, soutenue dans la loi pour la Transition écologique par des objectifs ambitieux. Mais sans seuils de capacité pour les méthaniseurs, elle risque de conforter l’élevage industriel."
"La transition énergétique n’est pas une simple opération économico-écologique visant à basculer d’un mode de production d’électricité basé sur le nucléaire ou le charbon vers des énergies « propres » ou « vertes », respectueuses de l’environnement et sans danger. La centrale E.ON de Gardanne, bientôt en production, en est l’illustration parfaite. Premier aperçu d’une affaire qui risque de tourner très mal, enrichir des actionnaires et des propriétaires tout en ruinant écologiquement les (fragiles) vallées cévenoles dont beaucoup sont pourtant… « protégées »."
"« Il ne s'agit pas d'opposer les énergies les unes aux autres. Mais, dans le nouveau modèle énergétique en France, j'entends faire en sorte que la biomasse occupe une place très importante. » C'est l'engagement pris par la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, qui ouvrait, mardi 1er juillet à la Défense, un colloque national sur les bioénergies organisé par le Syndicat des énergies renouvelables (SER). Dans ce domaine, a affirmé la ministre, « la France est dotée d'atouts incontestables pour être un leader mondial »."
"Une nouvelle étude qu’une surface de la taille de la Pologne et de la Suède pourrait être nécessaire pour fournir les plantes et le bois dont les énergies à base de biomasse auront besoin en 2030."
"« Les terres agricoles et les forêts sont menacées par la demande européenne en bioénergie. » C'est ce qu'affirme l'ONG Les amis de la Terre-Europe, qui s'appuie sur une étude réalisée, à sa demande, par l'Université d'économie et de commerce de Vienne (Autriche). Celle-ci a calculé qu'au rythme actuel, l'Europe aura besoin, à l'horizon 2030, de 70 millions d'hectares — soit la superficie de la Suède et de la Pologne réunies — pour couvrir ses besoins en cultures agricoles et en bois destinés à la production de chaleur, d'électricité ou de carburant."